Les Nouvelles de Zouré

Les Nouvelles de Zouré

33. Couvrez ! Y a feu !

J’ouvris les yeux.

- Pataarpanga, réveille-toi ! Pourquoi pleures-tu  en dormant ?

Je me réveillai et sautai sur mes pieds. Je ne faisais donc que rêver. Non, je cauchemardais. J’empoignai Sandrine par les épaules.

- Chérie, tu n’es donc pas morte ! Tu es vivante ! Dieu merci, tu es vivante !

Je l’embrassai sur les deux joues pendant qu’elle me chantait ceci :

- Mais qu’est-ce que tu racontes !

- Que j’ai juste fait un cauchemard et que ces coups de feu n’étaient qu’une hallucina…

« Tactac tac » ! « Tac » ! « Pataboum » !

- Chérie, s’il te plaît, pince-moi !

- Quoi ? me demanda Sandrine.

- Je veux être certain que je suis en train de vivre un cauchemard ! Aïe ! Doucement !

- Tu es certain maintenant que tu ne dors pas ?

- Hélas, oui ! Dis-je, en attrapant ma tête.

Mais je bondis soudain. Je regardai à gauche, à droite, puis en l’air. Puis, je m’abaissai et empoignai Sandrine.

- Mais, qu’est-ce que…

- Viens ! dis-je en trainant Sandrine dans l’un des angles droits formés par les quatre murs de ma chambre.

- Ne bouge surtout pas ! lui ordonnai-je.

- Mais tu vas me dire ce que tu manigances !

- Patience ! Qui se tait verra !

- On dit qui vivra verra !

- C’est la même chose !

Je soulevai seau, chaise et couverture. Puis matelas, que je renversai. Je n’ai pas eu de formation d’architecte, mais l’échaffaudage que je construisis isola Sandrine et moi dans le coin de la chambre, formant une sorte de bouclier.

- Pataarpanga, j’espère que ton cauchemar ne t’a pas rendu fou, s’inquiéta Sandrine.

- Pas du tout ! dis-je. Au contraire.

Je m’affalai sur ma dulcinée.

- Eh, mon cher, si tu penses que c’est en renversant un matelas sur moi que tu pourras baisser ma jupe, tu as menti !

- Mais Sandrine, tu sais que tu peux être perverse, parfois ! Actuellement, je ne pense absolument pas à faire des galipettes ! J’essaie plutôt de nous sauver la vie !

- Sauver la vie ?

- Oui ! Il y a une balle de fusil, que je n’ai pas invitéee et qui ne s’est pas annoncée, qui risque cependant de nous rendre visite. Bon, il faut la comprendre. C’est vrai qu’elle a été fabriquée en Europe, mais comme elle est tirée par un Africain, elle s’est juste adaptée à nos mœurs !

- Qui ça, elle ? J’espère que ce n’est pas encore une fille !

- Décidément, toi …

- Tu parles de qui ?

- Mais de la balle de fus…

Le « pop » qui surgit bientôt dans la pièce suivi d’un bruit métallique sur le sol me coupa la parole. Mon cauchemar avait donc servi à quelque chose !

- C’était quoi ça ?

- C’est justement d’elle que je te parlais !

- Mais qui donc ?

- Mais la balle de fusil, celle qui a perdu son chemin et qui n’a pas trouvé mieux que de venir nous emmerder ici !

- Je vais voir !

- Tu ne bouges pas !

Sandrine me regarda. Puis resta dans son coin. On resta ainsi. Bien entendu, on s’est endormi entre temps.

Tout à coup, un coup de tonnerre ébranla notre porte. On se réveilla en sursaut.

- Ils tirent sur notre porte ! Cria Sandrine.

- Hé, ouvrez cette porte !

Je ne reconnus pas la grosse voix qui tonnait dehors.

- Qui… qui êtes-vous ?

- Ta gueule ! Ouvre cette putain de porte ou je te casse la boîte de sardine périmée qui te sert de vociférateur !

Comme n’importe qui dans ma situation (enfin, je crois), mon cœur se mit à battre le tambour, pendant que mes dents assuraient la batterie sous les ordres de mes os qui jouaient au maestro. Sandrine, en bon lead vocal, partit :

- Mais, va ouvrir !

Mon organisme stoppa net l’instrumental. Ce n’était pas la composition qu’on avait répétée.

- Mais, qu’est-ce que tu racontes ? Tu sais qui est derrière cette porte ?

- Je ne sais pas ! Mais que tu ouvres ou pas, il va entrer ! Si c’est ceux qui tirent là dehors, peut-être qu’il a un bazooka et qu’il va tirer dans la porte !

- Tu sais que tu es exaspérante, parfois ? Comment peux-tu imaginer des choses aussi renversées ?

- Eh, vous là, bon, votre dernière heure a sonné !

- Non ! Attendez ! Je vais ouvrir !

Je courus, ouvris la porte et m’applatis sur le sol, le nez enfoncé dans la poussière.

- S’il vous plaît ! Je vous en supplie ! Pour l’amour de vous-mêmes ! Ne nous faites pas de mal !

J’entendis un gros éclat de rire.

Intrigué, je relevai la tête. Mon sang fit un tour. La colère entra dans mes narines en vrombissant.

- Espèce de bougnoule dégénéré ! Je vais te tuer !

A suivre…

Par ZOURE



12/12/2012
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