Les Nouvelles de Zouré

Les Nouvelles de Zouré

31- Feu à satiété !

N’y tenant plus, je galopai vers la table comme une hyène ayant le feu aux fesses. J’arrachai la main de Sandrine, giflant dans la foulée la bouche de l’embrasseur. Son regard devint brasier. Quand il se posa sur moi, je sentis leur force brûlante sous le crochet qui me cueillit sur la tempe. Le K.O était déjà consommé. Pas la peine de jeter l’éponge.

 

Une fraîche eau plongea sur mon visage, me réveillant en sursaut. Le visage de Sandrine me sourit.

 

- Pourquoi es-tu aussi bête ? me demande-t-elle.

- Pourquoi étais-tu avec ce monsieur ?

- C’était juste pour te montrer que je suis un trésor recherché et que tu dois prendre soin de moi. Tout comme je le fais avec toi !

- En tout cas (je massai ma tempe), j’ai fait connaissance avec ton prix !  

 

Je me relevai. Les gens s’éparpillèrent et nous laissèrent rentrer chez moi. Sandrine y chauffa de l’eau qu’elle appliqua à l’aide d’une serviette sur le côté de ma tête endolorie. Puis, elle sortit et revint avec à manger. Où l’a-t-elle trouvé, mon ventre ne s’est pas embarrassé de cette question et s’empiffra.


La paix est là !

 

Soulby vint un peu plus tard dans la soirée avec ma « locataire ».

 

On pactisa. Ma « locataire » reconnut qu’elle avait eu tort de faire ce qu’elle a fait. Cependant, elle estima que j’étais un morceau de choix  et qu’à force de vivre dans le même biotope que moi, elle a fini par en saliver.

 

J’avoue que cette comparaison ne me plut pas car je m’imaginai dans la peau d’un gigot sur lequel salive une louve aux longues dents. Quoi qu’il en soit, elle repartit ce soir-là avec ses affaires.

Je restai donc seul avec Sandrine.

 

On se mit à jouer aux adultes conscients et responsables. Mais quand je voulus être un responsable impoli, Sandrine joua à l’adulte prudent. On en resta là. La frustration dansa comme un chef Sioux dans mon cœur et dans tous les tissus de mon corps.

Mais je tins bon.

 

Elle avait raison, Sandrine. Une grossesse piquée ici et c’est une cargaison de  problèmes qu’on payait là  gratuitement et idiotement. Bonjour donc dame Abstinence, même si je regrettai de ne pas avoir mordu dans le délicieux gâteau nommé ma « locataire ».

 

J’étais certain que Soulby se moquera de moi à la première occasion, de même que n’importe quel mâle qui entendrait cette affaire. Mais peu m’importe. On n’affirme sa personnalité et l’utilité de son existence qu’en faisant ses choix et en  les assumant.

 

Je fis donc le choix de dormir sagement dans les bras de Sandrine sans tenter autre chose de moins chaste que de tendres baisers.

 

Morphée ne tarda pas à nous enlever dans ses ailes, au grand dam d’Eros.

 

Paix qui ne dura pas longtemps

 

Mais Brutus nous fit brutalement tomber des nues en plein milieu de la nuit. Sandrine et moi jaillîmes au dessus des broussailles du sommeil pour tendre les oreilles.

 

- Pataar, qu’est-ce que c’est ?

 

Je comparai les bruits que j’entendais avec ceux qui étaient plus récurrents dans les films de guerre et je tirai cette conclusion :

 


 

- On dirait des  coups de feu !

 

Effectivement, c’était des coups de feu. Sandrine continua à jouer son rôle de journaliste improvisé :

 

- Tu crois que c’est un coup d’Etat ?

 

Les coups de feu se rapprochèrent de chez nous.

 

- Je ne sais pas. Peut-être que les militaires ont décidé de nous soutenir !

- Dans ce cas, ce n’est pas ici qu’ils doivent tirer !

- Parce que tu sais comment se fait un coup d’Etat ? demandai-je, un peu agacé.

- Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas ici qu’ils doivent venir chercher le chef d’Etat !

 

C'est quoi ça ?


Je ne répondis pas.

Mon portable sonna. Je décrochai. C’était Soulby.

 

- Allô ! oui,  Soulby ! Oui, ça tire ici aussi ! Quoi ?

 

La communication avait pris fin.

 

- Regardez-moi cet idiot ! Tu n’as pas d’unités et tu  veux appeler les gens !

- Est-ce que ce ne sont pas des gendarmes qui poursuivent des bandits ?

- Ma chérie, tu te crois où ? On est à Ouaga ici, pas à  New York !

- Il y a un début à tout !

- Eh bien, moi je ne veux pas être le spectateur de ce début-là !

Sandrine se leva et alluma. Je bondis comme expulsé par une catapulte et éteignis.

- Mais qu’est-ce t’arrive ? me demanda Sandrine.

- Tu veux qu’on nous repère ou bien ? Qui sait ce qui se passe dehors ! On a qu’à se montrer prudent. Viens on va s’asseoir.

 

A tâtons, on se rassit.

 

Soudain, on entendit un petit « bruit » sur le toit et l’instant d’après, Sandrine criait de douleur et s’écroulait à mes pieds.

 

A suivre…


Par ZOURE



01/08/2012
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