Les Nouvelles de Zouré

Les Nouvelles de Zouré

30. Crise de ... jalousie !

Je ne recouvrai mes esprits que le lendemain matin. J’avais la tête qui bourdonnait. Je sentis qu’elle était posée sur une sorte de cylindre moelleux, doux et chaud. Je me retournai et l’agrippai des deux mains enfin d’y enfouir ma tête. C’est là que je me rendis compte que ce n’était pas un coussin. Alors, tout me revint en mémoire et je bondis.

 

J’eus le vertige une fois debout, mais je m’appuyai sur le mur pour faire face à  mon « coussin ». C’était ma locataire. Aussi désirable et tentante que le fruit interdit avec son pagne autour de la poitrine et les cuisses à demi dévoilées. Je détournai la tête et vrombis :

 

- Tu as enfreint les règles de la maison. Par conséquent, tu seras punie conformément à la loi : ramasse tes bagages !

 

Elle se mit aussitôt à sangloter. Mon cœur tressautait à chaque éclat. Elle se leva et se jeta dans mes bras. Elle me suppliait.

 

- S’il te plaît, ne fais pas ça ! Où veux-tu que j’aille ? Je n’ai personne ici ! Mes parents sont en Côte d’Ivoire. Moi-même j’allais y étudier. C’est à cause de la crise qu’ils m’ont envoyée ici. Mais cela fait cinq mois que je ne reçois plus de sou d’eux. Je me débrouille comme je peux. C’est la cité qui me permettait de cacher mes soucis. Si tu me mets dehors, que vais-je devenir ?

 

Et « à nous aller » pour le concert des « bouuuuuuus » et « waaaaaa » ! J’étais là, debout, la fille dans mes bras, des bras dont je ne savais que faire, pendant que ma chemise s’inondait des larmes de la demoiselle.

 

Soudain, elle leva la tête vers moi. Nos yeux se rencontrèrent. C’est alors que je sentis son corps de femme contre moi. Mon corps d’homme réagit. Je ne sus à quel moment cela arriva mais nos bouches se marièrent. Et je décollai pour une région inconnue.

 

- Ah bon ? C’est comme ça ?

 

Je revins immédiatement sur terre pour pouvoir me retourner et voir que Sandrine (ma copine) me regardait avec des yeux qui semblaient vouloir se désolidariser d’avec leur cavité.

 

- Sandrine ?

- Tu ne t’attendais pas à me voir, n’est-ce pas ? C’est qui, cette pute ?

- euh…Sandrine, ce n’est pas…

- Moi, une pute ?

 

C’est ma « tentation » qui venait de parler.

 

- Oui, une pute ! Et qui s’assemblent se ressemblent !

- Sandrine, tu…

- Traites-moi encore de pute et je te montrerai que c’est ton arrière grand-mère qui m’a enseigné ce métier !

- Répète ce que tu as dit !

- Ton arrière grand-mère est une pute professionnelle !

 

Le temps que je me rende compte de ce qui se passait, mon entré-couché s’était transformé en ring. Les deux demoiselles s’étaient scotchées l’une à l’autre dans un corps-à-corps mortel. J’étais-là à les contempler, ne sachant s’il fallait que j’intervienne en arbitre impartial ou en supporter  bicéphale. C’est Soulby qui me sauva.

 

Il entra et en un temps record, il exécuta à merveille son rôle d’arbitre-médiateur-séparateur de combattantes. Mais il finit par m’appeler à la rescousse car les deux furies piaffaient et manquaient de s’embrasser de nouveau. Tant bien que mal, on réussit à les tenir à distance l’une de l’autre.

 

- Soulby, donc…tu étais…au courant ? demanda, la voix essoufflée, Sandrine.

- Au courant de quoi ? interrogea l’interpellé.

- Ton ami est un coureur de jupon ! Et il n’a trouvé que cette… que ce… pour me tromper !

- Ne m’insulte plus, espèce de… (je garde la suite pour moi !)

 

Soulby lança une première balle de sonde :

 

- En fait, ce n’est pas ce tu crois !

- Ah bon ? Mais ils s’embrassaient devant cette porte quand je les ai surpris ! Même une vache aveugle aurait compris ce qui se passait !

- Mais les apparences peuvent être trompeuses ! plaida Soulby. Cette fille est mon amie. Elle a été chassée de la cité universitaire ! Donc, j’ai demandé à Pataarpanga de l’héberger le temps qu’on rouvre les cités. C’est tout ! Tu vois qu’il n’y a rien de coupable !

- Ah bon ? Tu trouves innocent de faire dormir dans la même maison un jeune homme en possession de toutes ses facultés et une jeune fille ayant tous les attributs pour faire perdre la raison même à un homme castré ? demanda d’une traite, Sandrine. Allez faire avaler ça à un crane écervelé, pas moi !

 

Puis, elle s’en fut. Malgré mes supplications.

 

Je rentrai dans la maison, enfilai une autre chemise et un autre pantalon et me lançai dehors. Soulby me demanda :

 

- Où vas-tu ?

 

Seul mon regard noir comme la gueule d’un cyclone orageux lui répondit.

 

Je courus jusqu’à chez Sandrine. Je ne la trouvai pas et sa tante me dit qu’elle n’était plus venue à la maison depuis qu’elle était sortie le matin.

 

Eperdu de  tristesse et de culpabilité, je déambulai au hasard dans les rues de la ville. Je me dis que c’était fini avec la première fille que je draguais depuis mon existence. Si belle, si douce et si… canon !

 

Soudain, je la vis. Je frottai mes yeux afin de m’assurer que ce n’était pas une hallucination. Je rouvris les yeux. Non, ce n’était pas une hallucination. Elle était réelle. Mais une réalité très douloureuse. Elle était attablée avec un monsieur.

 

Je voulus avancer quand mon geste fut brutalement stoppé par un autre geste. Le monsieur portait la main de Sandrine à sa bouche.

 

A suivre…


Par ZOURE



11/07/2012
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