Les Nouvelles de Zouré

Les Nouvelles de Zouré

36 - Vessie n’est pas ampoule !

Voilà pourquoi Sandrine insistait pour que Soulby reste ce soir-là. C’était pour me taper dans le dos.Criant Ou plutôt, dans le dos et le ventre car c’était en ma présence qu’ils ont fait « ça » ! La fureur naquit dans mes reins, monta dans mon ventre, vrilla mon estomac, traversa mon œsophage pour venir se loger dans ma gorge et y former une gigantesque boule.Criant

 


J’avalai difficilement ma salive.

 

Sandrine venait de donner à Soulby ce qu’elle me refusait depuis qu’on se connaissait. Les larmes galopèrent comme des chiens hirsutes à l’orée de mes paupières. Je papillotai des cils. Elles roulèrent sur mes joues.


 

Mon meilleur ami venait de me trahir. Mon meilleur ami.En pleurs Le seul que j’ai eu depuis que le BAC m’a catapulté dans cette maudite ville, dans ce maudit campus aux allures de pénitencier pour prisonniers intelligents et aigris comme du lait caillé vieux de 30 jours.Déçu


 

Je voyais à la télé ou dans les journaux, j’entendais dans les grins de thé parler de cette façon de trahir ses amis. Mais je ne savais pas que cela pouvait m’arriver à moi. Moi qui ne pouvais même pas faire du mal à un avorton de mouche. Moi qui ressemblais au dernier idiot des agneaux tellement je suis gentil, généreux et candide.


 

Mais justement, c’était aux imbéciles naïfs et aveugles qu’on faisait ce genre d’entourloupe.


 

- Soulby, Sandrine, vous avez osé me faire ça ? demandai-je.

 

Soulby se gratta la tête. Sandrine était gênée.


 

Des hypocrites. Des hypocrites. Encore des hypocrites. Maintenant, ils faisaient semblant d’être gênés. Ils auraient au moins pu aller dehors faire leur coup-bas. Ils faisaient « ça » chez moi ! Sous mon toit ! Sous mon nez ! Et cette odeur !


 

Je me demandais s’il fallait que je les tue. Mais là, Dieu ne me pardonnerait certainement pas. Pourtant, je n’ai pas envie d’entrer en enfer deux fois. C’était déjà suffisant de nager chaque jour de sa vie dans la mer de braises de galère, de vie chère, de boileau non liquide, de maladie et de souffrance de cette vie qu’on dit mener sur terre.


 

Les tuer donc n’était pas une bonne solution. Pourtant, c’est la meilleure. Bref, on ne fait pas dans la vie tout ce qu’on veut.


 

Mais quel châtiment vais-je leur infliger ? Leur mettre la honte en appelant mes voisins pour qu’ils viennent voir l’ignominie que ces faux amis étaient en train de commettre sous mon toit ?


 

C’est une bonne idée. Mais qu’est-ce qui prouve que ce ne serait pas plutôt moi qui aurais la honte ? Ce genre de choses, on ne le publie pas sous peine de paraître faible ou arnaqué. Je choisis donc de  laisser mes voisins dormir tranquillement. Je vais laver mon linge sali dans ma cabane, dans ma cabane.


 

Les frapper ? Je n’étais pas certain que ces deux gaillards masculin et féminin n’allaient pas transformer mon corps, nourri par les rations alimentaires à compléter du R.U, en tas désaxé et désarticulé. Je choisis sagement  de ne pas jouer à Tom Cruise, même si la mission est apparemment impossible.


 

Que faire ? Je décidai de jouer au procureur sans tribunal, sans juge, sans jury, sans prison et sans force publique pour faire assurer la force exécutoire de l’autorité de la chose jugée au réquisitoire que j’allais prononcer. Que les juristes m’excusent si j’ai fait faire au cou du droit un demi-tour.


- Sandrine, Soulby, c’est ce que vous avez décidé de me faire ? Vous n’avez même pas honte !


 

Ils me regardaient. Pas du tout penauds, en plus. Le comble ! Des accusés visiblement et matériellement coupables au-delà du doute raisonnable et qui se comportaient comme DSK le jour de sa libération ! Il y avait de quoi donner un coup de fouet furax à ma colère.


 

- Vous auriez pu au moins attendre que je ne sois pas là avant de faire « ça » ! Et dire que je vous faisais confiance. Sandrine ! Pourquoi ?


 

Ils me regardaient toujours comme deux enfants assis devant une télé où se succédaient les bandes d’un dessin animé.


 

- Sandrine ! Tu savais bien que j’avais besoin de « ça » autant que toi !

On partageait tout ! Pourquoi m’as-tu fait ça ?


 

Soulby s’éclaircit la gorge.


 

- En fait, commença-t-il, je vais t’expliquer !

- M’expliquer quoi ! explosai-je.

- Calme-toi ! C’est Sandrine qui  a exprimé la première le besoin. Elle disait qu’elle ne pouvait plus tenir et se contenir. Alors, je l’ai aidée !

- Tu  l’as aidée ! Tu l’as aidée ! Sandrine, moi j’étais où ? Moi, j’étais où ?

- Ecoute, on a voulu te réveiller pour que tu participes…, commença Sandrine.

- Quoi ? Sandrine ? Vous n’avez pas honte ?  Et puis, est-ce que vous vous êtes protégés ?

- Il n’y avait rien…, dit Soulby.

- Comment ça il n’y avait rien ? Tu te connais ? Vous vous connaissez ? Vous avez vu ce qui ce qui arrive aux gens dehors ?

- Ecoute, ce n’est pas encore fini, hein ! Il en reste ! Tu peux venir te servir !

- Soulby, comment peux-tu être aussi cynique ?

-  On t’a réveillé en vain ! Mais tu ronflais comme un âne !

- Ne m’insulte pas ! Et puis d’abord, où l’avez-vous eu ?

- Mais, avec la même vendeuse ! répondit Soulby.

- Bon, mon chéri, tu viens ? Allez ! C’est si bon !


 

C’était la voix de ma chérie qui venait de se moduler. Je ne pus résister à son charme. Je bondis sur l’assiette.


 

- Bon appétit, me dirent-ils.

- Merci ! répondis-je, la bouche pleine de benga au poisson…Bouche cousue

 

A suivre…

ZOURE



29/05/2013
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