Zone rurale : Calvaire d’enseignants
Dans ses 7 engagements pour l’éducation, le Président du Faso a apparemment oublié l’amélioration des conditions de travail des enseignants. Du moins, on dira que d’autres axes de développement vont y contribuer. Mais un petit accent sur certains n’aurait pas fait de mal.
A la rentrée administrative 2018-2019, Traoré Abdoulaye Fundjé publiait des images d’enseignants qui rejoignaient leur poste. Nombreux sont ceux qui devaient combattre la nature avant d’y arriver. C’est le cas de certains qui traversent des cours d’eau à pied ou en pirogue.
C’est une des difficiles conditions que vivent les éducateurs, ceux qui sont chargés de servir la connaissance aux futurs Burkinabè et d’asseoir le socle de la nation.
Coupé de tout
J’ai rencontré par exemple un enseignant dans un village situé à une centaine de kilomètres de Ouagadougou en 2016. Il m’a raconté à quel point travailler en zone rurale était contraignant. D’abord, il était coupé de tout. Pas de connexion Internet, la communication téléphonique est problématique parce que la couverture réseau n’est pas bonne. Il ne reste que la radio. Mais ce n’est pas très suffisant pour un enseignant qui aspire à gravir les échelons de sa profession et à passer des concours professionnels. Conséquence, dès que les élèves sont en vacances, il est obligé de retourner dans la capitale.
Mais ce n’est pas tout. Il lui faut aussi batailler ferme contre les abandons de classe. Les enfants du village ont tendance à ne pas terminer leur cursus pour diverses raisons : non assiduité, longue distance (des enfants font cinq kilomètres pour parvenir à l’école), non suivi des parents, etc. Mais il dit tenir bon.
Les conditions de ces enseignants sont si difficiles que les intéressés ont souvent l’impression que cela ne préoccupe pas au plus haut niveau. Un cadre de l’enseignement à la retraite me confiait que le système éducatif a été abandonné depuis de longues années. Il fait l’objet de peu d’attention et les ressources qui devraient y être consacrées ne le sont pas. Conséquence, les hommes formés hier ne sont pas la hauteur de ceux formés après les indépendances et ceux formés aujourd’hui seront pires demain, si rien n’est fait.
Abdou ZOURE