Les Nouvelles de Zouré

Les Nouvelles de Zouré

Occasion pein...turbée

 

C'était un matin.

 

J'ai rencontré une demoiselle au coin d'une rue de mon quartier. Elle était si belle que j'ai oublié de lui dire bonjour. Je sortis mon armada de mensonges.

 

"Je suis étudiant boursier. J'ai une belle moto. J'ai... J'ai et j'ai" Bref, j'ai cité tout ce que je n'avais pas. Et trentre minutes plus tard, j'obtins un rendez-vous qui devra se poursuivre par une soirée pour se terminer où cela se termine généralement.

 

Une belle occasion donc. Mais pour faire de l'omelette, il faut avoir au moins une casserole. Je fonçai chez un camarade avec mon vélo grinçant, pour lui demander sa moto JC dernière génération. Le bougre me dit qu'il avait aussi "un rencart" qu'il ne pouvait pas rater. Curieusement, c'est à la même heure, au même moment et dans le même timing que mon "rencart" à moi.

 

Mais il me donna néanmoins un pantalon et une chemise "impec". La grogne et la frustration qui montaient dans mon coeur s'estompèrent.

 

Je partis voir un autre copain. Puis deux autres. Peine perdue. Je commençais à désespérer. Mais chez le dernier copain, eurêka ! Il me donna une P50 des années 80, mais qui brillait et scintillait comme une moto des années 2000. J'en fus moi même étonné.

 

A vrai dire, je ne voulais pas d'une bécane de ce genre. Mais à contre mauvaise fortune, je fis bon coeur.

 

Le soir, je m'habillai, me fourrai et me parfumai. A ce moment, si un fumeur passait à côté de moi, je suis sûr que j'aurais pris feu ! Parce que mon flacon de parfum était... Bref, à 19h, j'étais pile poil au rendez-vous. La demoiselle apparut vingt minutes plus tard. Et elle monta sur le siège arrière.

 

J'eus l'impression que la moto se dérobait sous moi avec force grincement. En réalité, c'est le poids de ma copine d'occasion qui fit perdre aux amortisseurs leur pression ! J'adore les grosses femmes !

 

Je ronflai. La motocyclette émit un long cri de douleur.  Mais c'est une moto neuve. La preuve : sa peinture est rutilante. Puis, hahannant, elle décolla. Nous amorçames un grand artère et bientôt, arrivâmes à un feu tricolore dont l'oeil rouge était allumé.

 

On s'arrêta. Le feu passa au vert. Je ronflai. La moto émit encore son long cri sans pourtant bouger plus de deux centimètres. Bientôt, j'eus l'impression d'être à un concert où les instruments ont été remplacés par des klaxons  et des jurons ! "Tacot, quitte-là !" "Vend un pneu pour acheter un piston !" "Descend et porte ta vieille sur ta tête !"

 

Toutes ces belles phrases pleuvaient sur nous. Mais enfin, nous réussimes à partir... avant que le feu ne revienne au rouge. Nous entrâmes enfin dans un bar dancing. Nous dansâmes, bûmes et mangeâmes. Puis, nous voilà sur le chemin de ma maison.

 

Mais deux kahin kaha plus tard, la moto s'éteignit brusquement. J'eus beau la secouer, soulever son arrière-train, la gifler... Rien n'y fit. J'ouvris le réservoir d'essence : il y avait toujours du carburant.

 

C'était donc le moteur. Pourtant ce tas de feraille brillait comme une nouvelle mariée. Je me résolus donc à la pousser. Ma compagne commençait à grogner. Mais nous n'étions plus loin de chez moi. Il fallait que je profite à fond de cette occasion. Au détour d'un virage, j'entendis soudain :


- Abzèta ! C'est toi ?

- ??????

- Dis-moi, c'est toi Abzèta ?


Je regardai ma compagne qui commençait à  trembler. J'allais me demander pourquoi elle tremblait ainsi, puisqu'elle ne s'appelait pas Abzèta, lorsque :


- Assafouroullah ! C'est toi Abzèta ! Espèce de pute ! Attends-moi que j'arrive.


Le temps que je me rende compte, ma compagne avait pris les jambes au cou. Je me retournai vers l'autre et, avant de sombrer dans les ténèbres d'un autre monde, j'eus juste le temps de voir un homme en boubou qui brandissait un gigantesque gourdin et le début de cette phrase :


- Et toi salaud, attends de goûter à la colère d'un cocu mar...

 

Par Abdou ZOURE



02/10/2010
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