Les Histoires de Tanga : Le sang de Tabaski
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Le marabout de Djomi Woto lui dit qu’il doit lui apporter quelque chose de précieux s’il veut que son commerce s’envole comme un avion de chasse américain.
- Quoi ? demanda Djomi Woto.
- Le sang de Tabaski.
- Comment ?
Pour répondre à la question, il a suffi de suivre la nuit tombée, aux environs de minuit, Djomi Woto aller de lieu de prière musulmane en lieu de prière musulmane. Il cherchait yeux largement ouverts les trous comblés où le sang des béliers sacrifiés lors de la Sainte fête a été déversé, bataillant ferme parfois avec les chiens. Il recueillit ce qu’il put recueillir et repartit chez son marabout.
- Amène-moi le sang de ton fils, dit ce dernier.
Djomi Woto fit saigner le doigt de son bébé d’à peine deux mois en l’absence de sa femme.
- Maintenant, dilue le tout et bois.
Avant de le laisser partir, le marabout dit ceci au jeune commerçant :
- Tu répèteras obligatoirement l’opération à chaque Tabaski.
C’est ainsi que la main de son enfant devint invalide, mais le commerce de moutons de Djomi Woto décolla comme un avion de chasse américain. Il vola très haut et très longtemps dans les airs de la réussite financière et sociale. Jusqu’au jour où Djomi Woto eut l’idée géniale de ne boire à la Tabaski que le sang de ses propres moutons qu’il a fait égorger.
- Pourquoi courir les mosquées si je peux avoir ce que je veux ici ? s’est-il raisonné.
Cette nuit-là, sa femme enceinte de neuf mois accoucha. D’un vrai agneau, a conclu le journal qui publia l’extraordinaire et horrible nouvelle. Le commerce de Djomi Woto en fut si choqué qu’il crasha comme un vieil avion de guerre russe…
Tous les moyens sont bons pour nager dans un océan d’argent. Tous ces moyens sont aussi bons pour nager dans un océan d’enfer.
Votre serviteur Tanga (tanga@burkina24.info)
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