L'amer et l'amour
Voici un extrait de mon roman, "l'amer et l'amour", qui dort actuellement dans un tiroir et cherche avec désespoir un éditeur.
Kader se leva, tourna le dos pour entrer dans sa case. C’est à ce moment précis qu’il entendit le « bonjour » et cette voix, cette voix inscrite dans les fichiers secrets de sa mémoire : Sandrine. Il se retourna lentement.
Oui c’était bien elle, une bassine pleine de maïs sur la tête, vêtue de ses éternels débardeur et jupe. Mais dans ce matin rosé, au soleil levant éblouissant, elle était ravissante. Plus ravissante, attirante et séduisante que dans son rêve. Il aimerait goûter ces lèvres qui esquissaient un sourire incertain, involontairement provocateur. Il aimerait…
« Mais tu radotes mon pauvre Kader » se dit-il intérieurement. Il a laissé des centaines de belles filles ouagalaises pour venir s’amouracher d’une villageoise, d’une campagnarde, d’une demeurée qui ne sait même pas ce que donner un baiser veut dire. Mais paradoxalement, ce défaut rendait cette fille encore plus attirante.
Toutefois, il sait bien qu’il lui faut briser cette attirance. Dans cette région, les gens sont d’une susceptibilité maladive. Le moindre faux mouvement risquerait d’attirer sur son dos toutes les calomnies, les médisances et les malédictions de toutes les bouches qui peuplent Lady. Et de plus, il sait aussi qu’à Lady, rares sont les filles qui sont libres. Elles ont toutes dès leur naissance---même avant---un mari. Alors, il avait intérêt à ne pas commettre de folies. Mais le regard qu’elle braquait sur lui le rendait …fou ! Comment ne pas faire de folies ? !
*****
Elle allait devenir folle ! Ce corps musclé et bâti en marathonien, taille moyenne mais élancée, ces jambes ! Oh… ! Si ce n’était le ridicule qui découlerait de la situation, Sandrine aurait laissé choir la bassine de maïs et aurait rebroussé tout simplement chemin. Mais heureusement ou malheureusement, elle resta clouée au sol, les yeux fixés, comme hypnotisés sur et par le corps masculin.
Qu’est-ce qui lui arrive ? Ce n’est sûrement pas la première fois qu’elle rencontrait un homme presque nu. La jeune fille voyait chaque jour des pêcheurs, torse nu dans leur pirogue. Mais ce qu’elle éprouvait aujourd’hui ne lui est pas encore arrivé. Et ce regard qu’il fixait sur elle n’améliorait rien, mais aggravait son émoi.
Ils restaient là à se regarder. Lui, la bouilloire en main, elle, la bassine sur la tête.
Si cet extrait vous donne envie de dévorer le reste du corps de l'oeuvre, aidez l'auteur à le publier !