C'est une déclaration d'amour
C’était un beau matin.
Elle me regardait avec son air mutin.
Son buste provocateur, sensuel et hautain
Me narguait. Prolongeant la petite jupe, ses belles jambes gainées de bas fins
Mêlaient leur hypnotique effluve à ses musclées cuisses. Leur dessein,
Me lancer à la figure que je ne pourrai pas. Je n’oserai pas sauter du tremplin.
Que je n’oserai pas mettre à mon supplice, fin.
Cette torture m’étreint le cœur depuis deux ans. C’est si loin.
C’est si dur. Elle est née un beau jour, fécondée par un sourire félin,
Engendrée par cette voix et avivée chaque jour un peu plus par son dédain.
Cette douleur me taraude l’âme. La nuit, je rêve d’elle. Je peins son teint.
Je redessine sa peau douce. Je savoure ses douces lèvres. Je feins
De l’aimer. Je l’aime. Mais, elle, hélas, je ne sais pas. Et je chaque jour, je m’éteins.
C’était un beau matin.
J’ai décidé de le lui dire. Sans frein.
Et voilà que ce regard me paralysait l’entrain.
Je me résolus néanmoins :
« Ma douce, en ce doux matin
Je veux passer par-dessus le baldaquin
Qui me barre la route vers ton amour. Cependant certain
Que je me casserai le cou. Mais que m’importe. L’essaim
D’abeilles ne butinent que hors de sa ruche. Alors, écoute ce refrain.
Tant pis si tu me gifles ensuite avec ton dédain :
Sans ton amour, je suis un avion atterrissant sans trains ;
Je suis un ventre sans intestins ;
Je suis une rose sans couleur et sans teint ;
Je suis un boulanger sans pain ;
Je suis un lac sans eaux, mais de larmes, plein.
Je t’aime. »
Rien.
Voilà ce que j’eus après avoir sauté du tremplin.
C’était un beau matin.
Un fielleux matin.
Abdou ZOURE