Adieu Maman
Adieu, maman.
J’aurai tant voulu…
Hélas.
Tu n’embrasseras pas tes petits-enfants.
Tu ne les entendras pas dire « grand-maman ».
Tu ne seras pas là quand ils pousseront leurs premiers vagissements.
Tu es partie si tôt…
Je regrette tout ce que je ne t’ai pas dit.
Je regrette tout ce que je n’ai pas pu te donner.
Je me disais toujours que j’avais le temps.
Le temps. Un traitre. Un leurre.
Maintenant, je me rappelle nos peines. Nos rires. Notre complicité.
C’est tout ce qui me reste.
J’ai de l’argent. Mais pas assez. Il n’y en aura jamais assez pour te racheter
Ni t’acheter à nouveau.
Tu n’a pas de prix. Ce n’est pas possible. C’est donc fini.
« Bonjour ». Ce mot, je l’ai prononcé hier, aujourd’hui et certainement demain.
« Maman ». Un mot que je ne prononcerai peut-être plus.
Que je ne prononcerai plus jamais.
Chacun, tous n’avons le droit de le dire qu’à une seule personne.
Une seule.
Le reste n’est que pâle copie.
Vous autres, privilégiés qui s’ignorent,
Profitez-en pendant qu’il est encore temps.
Moi, je l’ai perdu, ce droit.
Mes larmes ne sont pas assez riches pour engager un avocat pour me le rétablir.
Je m’en suis rendu compte.
Alors, j’écris cette meurtrissure, image de mon cœur.
Mère, je pense à toi.
Et je me prépare à te rejoindre.
Non, je ne passerai pas par la courte échelle.
Seulement, je sais que cette vie sur terre n’est qu’un préparatif à un grand voyage.
Celui vers les terres de Dieu.
J’espère que tu m’y attends.
Je ferai en sorte d’obtenir un ticket pour là où tu es
En faisant tout ce que tu as eu le temps de m’enseigner :
« Aime ton prochain, tu aimeras Dieu ;
Penses aux pauvres, tu seras riche ;
Agis pour que tes enfants te prennent en exemple. »
Adieu maman.
Abdou ZOURE
A tous ceux qui se préparent à rejoindre leur mère.