Les Nouvelles de Zouré

Les Nouvelles de Zouré

9-Il Y A BOSSER ET BOSSER §

 

Je regardai ce cousin, ne sachant s’il fallait rire ou pleurer. Me disant que la dernière solution serait inutile et que la première, certainement et parfaitement ridicule, je ne fis rien du tout. Je me penchai et jetai un coup d’œil sur mon slip que je trouvai ridiculement stupide en ce moment. Je relevai la tête et posai à mon cousin une question qu’il va trouver sans doute imbécile :

- Tu peux me prêter ton portable ?

Vu sa tête, ma question était effectivement imbécile. Je me laissai tomber auprès du mur de ce qui semblait être une maison. Mon cousin s’en alla, me plantant là, comme un idiot, nu comme un ver. Je me demandai comment j’allais faire pour sortir de cette situation lorsque j’entendis un bruit de moto. Je me dressai d’un bond, en même temps que mes oreilles : à moins que les dromadaires pondent des arachides, ce bruit vient bel et bien des entrailles de la pétaradante de Soulby.

Vite, me voici au bord de la route. Juste au moment où le jeune étudiant débouchait. Dès qu’il me vit, ses pieds raclèrent le sol  pendant sa bouche s’élargissait du haut vers… enfin, du bas vers le haut. Il stoppa. Puis, partit…en éclats de rire grimpant vers le ciel. Il rit, toussa, cracha, re-rit, re-toussa … Bref, il se paya ma tête !

Après l’avoir vendue moins chère, il se paya ma pauvre tête une seconde fois :

- Hé djo, y a une piscine à côté ?

Il repartit encore. En hoquets de rire. Quant il eut fini, il daigna enfin me poser une question sensée :

- Qu’est-ce qui t’es arrivé ?

Bref résumé. Soulby ouvrit son sac et me passa une culotte et un … débarder.

- C’est mieux que rien.

Après avoir exposé mes cuisses et ma maigre poitrine à une centaine d’yeux à travers Ouaga, me voilà enfin chez moi. J’expliquai à Soulby le trou dans lequel je suis assis. Il me proposa une solution :

- Il faut bosser.

- ?

- Il faut bosser.

- ??

- Que tu peux être têtu. Il faut bosser et bosser !

- ????????????????

- Faut bosser et jober, quoi !

Le lendemain, après le dernier cours, c’est-à-dire à 21h, je me mis en campagne. Première chose, selon les conseils de Soulby, laver les assiettes. Je me présentai devant un restaurant très luxueux. Je vois le patron.

- Tu veux quoi ?

- Laver les assiettes.

- Tu fais quoi ?

- Etudiant.

- Pas besoin. Mes casseroles, marmites et assiettes vivent bien. Elles n’ont pas besoin de plus de FONER. Elles sont  à l’aise dans leur placard bien aéré et n’ont donc pas besoin de gréviste !

Echec et mat ! Deuxième proposition de job : creuser un trou. Je suis fils de cultivateur. Le travail et le soleil, c’est mon affaire ! Je me présentai le lendemain donc dans un chantier de construction. Le patron accepte. Je dois creuser un trou de 1m de profondeur avec 1m en large et 2 m en long. Mon bic et mon cahier, une pioche et une pelle. « Allez, bosse ! » me lança le … boss. Deux minutes plus tard : han ! tchié ! Han ! tchié ! Nom de… Cette terre de Ouaga est drôlement dure ! Une heure plus tard : mes mains, des bosses. Je renonçai à cette façon de… bosser.

Deux semaines plus tard, lorsque je pus mouvoir deux doigts, je tentai la dernière chance : la répétition à domicile. Après avoir connu tous les recoins de Ouagadougou, fais connaissance avec toutes sortes de portes et de portail, je pus être accepté par une famille. Cossue, parce que le chef de famille est le « boss » d’une grande entreprise. On m’engagea. Le lendemain, j’étais avec le petit morpion. Je lui donnai un exercice de maths. A peine ai-je fini d’affermir l’égalité d’un parfait « = », le petit fils à papa commença à réciter : «  25 + 15 + 45 + 75 – 102 =  158 et 112 922 812,5 multiplié par 2 fait 2 258 456 25  et divisé par 452 = 49879,7013274336283185840707964602 et non ce que vous avez écrit. Et puis, on a dépassé tout ça à l’école ! Papa, c’est quel ignare tu m’as envoyé comme maître de maison ? »

En attendant que le champion vienne répondre à  cette question, moi j’étais loin de cette cour d’extraterrestre.

Mais je trouvai une autre famille, le même jour. Cette fois, voilà comment c’était.

- Papou, dis, 1 + 1 = 2.

- 1 + 1 = 2.

- Répète.

- 1 + 2 = 1.

- Hein ?

- 2 = + 1 1.

- Qu’est-ce que …Aïe !

 

Aïe suivre …

 

ABDOU ZOURE



26/10/2010
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