Les Nouvelles de Zouré

Les Nouvelles de Zouré

Le cauchemar

NOUVELLE

 

LE CAUCHEMAR

 

Le soleil est cuisant. La caravane avançait lentement et péniblement. Le pas des dromadaires était lourd. Les membres de l’expédition se protégeaient comme ils pouvaient à l’ombre de leurs burnous, leurs pieds s’enfonçant douloureusement dans le sable chauffé à blanc. Khaled s’arrêta et desserra les pans de son burnous. Son regard embrassa l’immensité sablonneuse que ne déridait aucune bosse, aucune touffe d’herbe. Khaled allait continuer son chemin lorsqu’un grondement lui fit relever la tête  vers l’horizon. De gros nuages s’y amoncelaient, se chevauchaient. Un autre grondement sortit de leurs entrailles puis les rochers nuageux se mirent à avancer, à courir, soulevant d’autres nuages, terrestres ceux-là. Les autres membres de la caravane s’étaient également arrêtés. Tous les burnous étaient tournés vers les monstres célestes qui recouvraient maintenant  toute la longueur de l’horizon et couraient toujours vers la caravane. Bientôt, le soleil disparut, plongeant le désert dans une obscurité silencieuse. Khaled et ses compagnons n’eurent que  le temps de coucher les dromadaires en un cercle restreint au milieu duquel ils se réfugièrent.  Le gigantesque drap les enveloppait déjà, les plongeant dans une nuit remplie de hurlements, de  sable, d’éclairs et de grondements. Subitement, de grosses gouttes d’eau s’abattirent sur eux comme des coups de poings, les inondant instantanément. Mais  brusquement, la trombe d’eau cessa de se déverser de même que les grondements et un nouveau silence s’abattit sur le désert. Khaled leva la tête qu’alourdissait son burnous trempé. Ses compagnons l’imitèrent. Ils se mirent debout et  regardèrent autour d’eux. La couverture de nuages noirs était toujours suspendue au-dessus de leurs têtes. Il s’y livrait une incroyable sarabande zébrée de zigzags lumineux. Soudain, une formidable déflagration secoua le sol sous leurs pieds. Et aussitôt, une boule de feu s’abattit à deux cent mètres d’eux, propulsant des myriades d’étincelles. Les caravaniers se jetèrent à terre, au milieu des dromadaires qui blatérèrent.  A peine furent-ils dans le sable trempé que d’autres coups de poings s’abattirent sur eux. Khaled se rendit compte quelques secondes plus tard que ces coups là étaient sérieusement plus assommants que les tous premiers. Au moment où il relevait son nez   enfoui dans le sable, une boule atterrit à quelques centimètres de son visage, après avoir rebondi sur son crâne. Une boule transparente, qui se mit à fondre. De la grêle ! Il tombait de la grêle ! C’est alors que Khaled se rendit compte que le désert crépitait, un crépitement qui cessa aussitôt. Brutalement. Les chameliers étaient désemparés. Khaled se retourna sur le dos, pour recevoir une petite touffe blanche sur le nez. Contrairement, à la première, cette boule ne lui fit pas mal. Son doigt la toucha. Elle ressemblait à du coton. Mais du coton qui fondait. Où avait-il déjà vu ce truc ? Khaled se redressa. Des millions d’autres boules de coton descendaient  du ciel toujours noir, transformant toute l’étendue de sable en un immense lit blanc. Ça y est ! Khaled se rappelait. Il neigeait. En plein Sahara !

*

*      *

Frédéric peinait à arriver chez lui. Il traînait derrière lui son sac d’écolier qui lui semblait peser une tonne. Tout son front était inondé de sueur. Ses habits en étaient trempés. Il traînait les pieds. Tout le monde autour de lui traînait les pieds. Des hommes, et même des femmes, marchaient le  torse nu. Frédéric leva la tête. Ses yeux ne purent pas soutenir l’éclat du soleil. Il les baissa et un immense trou noir se dressa devant lui. Il s’arrêta et ferma un moment les yeux. Puis il les rouvrit. Le trou avait disparu. Il reprit sa marche. L’enfant ne sut pas quand est-ce qu’il poussa  la porte de sa maison. Il atteignit les toilettes sans son sac, ni sa chemise et son pantalon. Il mit la tête sous le robinet. L’eau qui en coulait était bouillante. Frédéric courut vers le réfrigérateur au salon. Il y trouva ses parents, affalés sur le divan, nus, inondés de sueur. Ils faisaient face à la télévision où un présentateur apparut en débarder :

- Chers téléspectateurs,  veuillez excuser cette tenue pour le moins déconcertante mais comme on le dit,  aux grands maux les grands remèdes. Bienvenus donc à cette demi-heure d’informations. Informations uniquement constituées par cette canicule ex-tra-or-di-nai-re, ja-mais vue qui s’est abattue ce matin sur toute l’Europe. La France n’en est pas épargnée et il thermomètre indique 54°C à l’ombre et le mercure ne fait que monter. Le gouvernement ne sait plus avec quel bois se … chauffer ! On a déjà enregistré la mort de plusieurs milliers de personnes âgées et en bas âge en moins de trois heures. Il est…

Frédéric courut vers une chambre. Il poussa la porte. Sur le sol, gisait une forme recroquevillée dans une robe de chambre.

- Mamy ! Cria Frédéric.

Il s’accroupit auprès de la forme couchée. La secoua.

- Mamy, qu’as-tu ? Réveille-toi !

La « Mamy » ne répondit pas. Frédéric comprit qu’elle ne répondra plus jamais. Il se releva lentement. L’enfant s’apprêtait à rebrousser chemin, lorsque le trou noir revint devant ses yeux. Il les ferma. Ses oreilles entrèrent aussi dans la danse et n’entendirent subitement plus rien. Le sol se déroba soudain sous ses pieds. L’enfant s’écroula sur le cadavre de sa grand-mère. Il resta inerte.

*

*     *

La jeep freina dans un nuage de poussière. Le guide, un Noir, sauta à  terre. Deux Blanc, en chemise et culotte kaki, l’imitèrent. Le Noir, se tournant vers eux, tendit la main au-dessus de lui :

-          Messieurs, je vous présente le mont Kilimandjaro, le plus haut sommet d’Afrique ! 5 895m. Admirez sa couronne blanche !

Les messieurs en question clignèrent des yeux dans la direction que leur indiquait le doigt du guide, tout en s’éventant avec leur chapeau. L’un d’eux dit :

- Je suis entièrement d’accord avec vous que le majestueux Kilimandjaro est devant moi. Quant à couronne, et c’est là que je suis au regret de vous contredire, elle est plutôt noire !

Le visage noir du guide cessa de sourire.

- Vous vous moquez de ma gueule ou quoi ? Demanda-t-il. Cette couronne neigeuse est éternelle. Je n’aime pas ce genre de plaisanterie !

- Eddy a raison. C’est plutôt vous qui nous faites des plaisanteries de mauvais goût en nous montrant une vulgaire montagne comme étant  le plus haut sommet d’Afrique ! Répondit le second monsieur.

-          Mais de quoi…

La suite de la phrase qu’allait sortir le guide de sa bouche se bloqua dans sa glotte. Ses yeux exorbités regardaient maintenant le sommet de la masse montagneuse. Sa glotte effectua un mouvement nerveux d’ascension et de descente.

-          Ce n’est pas croyable ! C’est une catastrophe ! Pourtant, hier, elle était toujours là !

-          Quoi ? Demanda le nommé Eddy.

-          La couronne. La couronne de Uhuru.

-          Peut-être qu’un mauvais garnement le lui a volée, ironisa le second monsieur.

-          Ne riez pas, messieurs ! Ceci est extrêmement grave ! La couronne de Kilimandjaro doit être éternelle. Les sages du village ont dit que le jour où elle disparaîtra, un grand malheur s’abattra sur la Tanzanie et sur la planète entière !

-          Bof ! Ce n’est toujours qu’une couche de neige, dit Eddy. Et de la neige, ça fond toujours, tôt ou  tard.

-          Et moi je vous dis que ce n’est pas normal, insistait le guide.

-          En tout cas, cette chaleur n’a rien de normal non plus, n’est-ce pas, François ? Il s’adressait au second monsieur.

-          Tout cela a une…

Un grondement se fit entendre tout à coup.

-          …explication, termina  François.

Une fumée se dégagea alors du sommet noir, sans nuage, de la montagne.

- Tiens, voilà ton explication, lança Eddy. Le mont Kilimandjaro a enlevé son bâillon blanc pour pouvoir fumer...

Un autre grondement, plus fort que le premier, ébranla la montagne.

- … et  grogner à son aise ! Termina Eddy.

Un troisième grondement éclata et avec lui, un formidable geyser de feu liquide jaillit de la bouche du géant montagneux.

- Voilà qu’il se met aussi à cracher ! Fit encore Eddy.

- Mes amis, dit le guide en se dirigeant vers la jeep, Uhuru est en colère. On a dû lui faire du mal. Il faut partir d’ici !

- Hé, attends, dit Eddy. Vous n’avez pas fini de faire les présentations avec le tonton Kilimandjaro…

Le sol trembla soudain et violemment sous leurs pieds. Eddy se retrouva à terre. Se relevant précipitamment, il courut vers le véhicule où il embarqua, suivi par François.

- Monsieur le guide, je crois que je viendrais plus tard pour terminer les présentations ! souffla-t-il. Tonton Kilimandjaro n’est sérieusement pas dans son assiette aujourd’hui !

La jeep démarra en trombe et partit, dans  une flambée de poussière. Juste au moment où un coup de tonnerre fit trembler la montagne jusqu’au tréfonds de ses entrailles. Une coulée  liquide et flamboyante jaillit de son sommet et se mit à dévaler sur les étages de granit et de végétation du mont Kilimandjaro.

*

*      *

- Mon fils, viens à l’ombre. Il fait une chaleur inhabituelle aujourd’hui.

L’homme se dirigeait vers l’ombre d’un arbre. Son fils de dix ans le suivait, une daba sur l’épaule. Ils rejoignirent l’arbre, s’assirent. L’homme but à une gourde en calebasse et la tendit à son fils. Il regarda autour de lui. Aucune feuille d’aucun des arbustes qui peuplaient son champ n’était effleuré par aucun souffle d’air.

- Papa, pourquoi fait-il si chaud ce matin ?

- Mon fils, je ne comprends pas. D’habitude, au mois de janvier, il fait très froid. Le soleil paraît à peine et l’harmattan souffle avec rage.  Mais l’air est aujourd’hui lourd, chaud et comme chargé d’humidité. Je ne comprends pas mon fils. Que ne nous réservent les dieux d’Afrique ?

Le silence de l’enfant et de l’air lui répondit. Un moment. Puis, le fils demanda encore à son père :

- Papa, pleut-il ici au mois de janvier ?

- Jamais mon fils.

- Alors, qu’est-ce que c’est ?

L’enfant indiquait l’horizon derrière l’arbre. L’homme tourna la tête au moment où un grondement se fit entendre. Le père murmura :

- Mon fils, les dieux d’Afrique  nous réservent une surprise désagréable. Mon dix fois arrière-grand-père ne vit jamais pareille pluie en pleine saison sèche. Et cette masse de nuages noirs est bien une pluie qui se prépare.

-Est-ce dangereux, père ?

- Seul l’avenir nous le dira. Viens mon fils, rentrons.

A peine eurent-ils fait quelques pas que de grosses gouttes commencèrent à s’abattre. Bientôt, le  père et le fils ne virent plus à deux pas d’eux. L’homme jucha l’enfant sur ses épaules et s’arrêta. Mais l’instant d’après, ses pieds ne touchèrent plus le sol. Des eaux en furie l’emportèrent, lui et son fils, dans une atmosphère tourmentée, hurlante et sombre. Ce qui était quelques minutes plus tôt un espace vide, ponctué ça et là de touffes d’arbustes, est subitement devenu une mer. L’eau tumultueuse accrocha l’homme et son enfant aux branches d’un arbre. Ils se hissèrent dessus. Une clarté diffuse éclairait maintenant le spectacle apocalyptique qui se déroulait à leurs pieds. L’arbre était haut. Dix mètres environs. Mais ils avaient l’impression d’être assis sur une touffe d’herbe au milieu d’une rivière. Des coiffes de case filaient  à la surface liquide que les gouttes d’eau ne cessaient de marteler. Des hommes, des femmes, des enfants, des animaux dérivaient également dans l’élément liquide en furie. Ils n’étaient plus que des cadavres. Brusquement, les flots ployèrent la touffe de feuilles sur laquelle étaient juchés les deux humains. L’enfant fut emporté. L’homme poussa un cri, noyé dans le grondement du ciel et de la terre. Le père se jeta à l’eau. La touffe de feuilles fut immergée, les eaux continuèrent à rouler furieusement, les nuages sombres déversaient toujours leurs larmes qui semblaient intarissables.

*

*      *

La proue du navire « Western petrolian » fendait l’eau où flottaient quelques glaçons. Un homme apparut sur le pont. Il cria :

- Hé, les gars ! Venez voir ça !

D’autres visages apparurent sur le pont.

 - Nom de Dieu ! Le soleil ! S’exclama l’un d’eux.

- Un soleil en plein hiver antarctique ! Dit un autre.

- C’est dingue ! Il faut appeler le capitaine.

Quelques instants plus tard, un homme apparut. Le capitaine. Il regarda le soleil. Puis ses yeux se baissèrent. Il fronça les sourcils.

- Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Gregg ! Prends notre position ! On ne devrait plus être loin de la banquise de Ross !

- D’accord, cap’tain !

Quelques instants plus tard, la même voix reprit :

- En plein dans le mille, cap’tain ! Nous sommes à 81° 29’ de latitude sud et à 171° 55’ de longitude ouest. Nous sommes pratiquement au cœur de la banquise de Ross !

- Nom d’un chien ! Jura encore le capitaine. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? J’espère, Gregg, que tes appareils sont saouls et que toi-même tu es  bourré jusqu’à la gueule !

- Négatif, capitaine ! Je n’ai jamais été aussi lucide de ma vie ! Mais cap’tain, qu’est-ce qui vous chiffonne dans cette foutue banquise de Ross ?

- Amène ta gueule ici !

Le nommé Gregg apparut.

- Regarde devant toi. Tu appelles ça une banquise ?

Gregg jeta un regard circulaire devant lui, imité par les autres membres de l’équipage. Devant eux, s’étendait un infini d’eau pure et bleue, seulement ridée par quelques petits cônes de glaces.

- Gregg, reprit le capitaine, tu appelles ça une banquise ?

*

*     *

- Ginette, apporte ce jus d’orange à la dame enceinte, couchée sous le parasol jaune. Allez, dépêche-toi !

Une jeune  blonde, en bikini à fleur, prit un plateau au milieu duquel trônait un immense verre rempli d’un breuvage jaune sur un comptoir derrière lequel se tenait une autre blonde. Ginette se retourna avec le plateau et fit face à une plage ensoleillée, bariolée par des corps étendus sous des parasols de plusieurs couleurs. Ginette, tenant le plateau avec une élégance consommée, s’empressa vers le parasol jaune du dessous duquel émergeait un ventre proéminent et tout rose. Ginette arriva devant la forme étendue. Un immense chapeau mexicain lui couvrait le visage et elle ne portait pas de soutien-gorge.

- Madame, votre jus !

Le chapeau glissa. Un visage aux joues énormes apparut. Le sourire de Ginette se transforma en grimace.

- Bonjour, ma jolie poulette ! Merci pour ce cadeau !

- Vous n’êtes pas  une femme ?

- Non, ma jolie poulette ! Je suis Buddy. Le plus viril des mâles que tu n’as jamais rencontré dans ta jolie vie.

Le sourire de Ginette reparut. Mais celui de Buddy s’était couvert d’une ombre. Une ombre qui s’étendit sur le parasol. Ginette tourna les yeux. Et poussa un long cri strident. Un immense mur d’eau se dressait devant elle. Le mur s’abattit. Son cri s’étouffa.

*

*      *

- Monsieur le président, la Terre prend l’eau de toutes parts sous un soleil infernal. Il n’y a plus d’îles. Les continents sont aux deux tiers inondés. L’Amérique centrale n’existe plus et…

- Parlez plus calmement.

L’homme qui venait de parler était assis derrière un imposant bureau. Derrière lui trônait le drapeau des Etats-Unis. Il reprit :

- Comment cela est-il possible dans un laps de temps aussi bref ?

- Le professeur Jonhson   va vous expliquer.

Un homme chauve, petit, des lunettes posées sur le nez, se leva.

- Monsieur le président, c’est la fin du monde !

- Pardon ?

- Oui, vous avez bien entendu ! La fin du monde est là ! Et ce n’est pas une mauvaise plaisanterie, je vous le garantis ! Et vous l’avez vous même provoquée ! La fumée de vos machines a violé l’hymen de la  couche d’ozone. Le virus des rayons ultra violets du soleil a pénétré dans l’organisme de la terre. Toutes les glaces ont fondu. L’Antarctique et l’Arctique ne sont plus qu’une immense masse liquide qui va engloutir la petite parcelle de terre. Dans quelques heures, il n’y aura plus de sol pour poser les pieds.

- Dans ce cas, il reste une possibilité  de survie sous les eaux !

Jonhson eut un petit rire.

- Monsieur le président, je suis désolé. La chaleur sur terre atteindra une ampleur telle que toute vie sur terre disparaîtra. Nous avons utilisé la terre à outrance. Un avertissement nous fut donné. Nous avions semblés avoir pris conscience qu’il fallait arrêter. Nos intérêts égoïstes nous ont aveuglés et ont prévalu. L’heure est venue de payer cet égoïsme. Monsieur le président, regardez par la fenêtre.

Tous les regards affluèrent vers l’une de ces fenêtres de la Maison blanche. Un gigantesque mur d’eau avançait à une vitesse incroyable, engloutissant tout sur son passage. Le ciel était couvert de gros nuages. Les gratte-ciel ne grattaient plus le ciel. L’eau, concurrente inattendue, venait de battre leur record. Une eau qui se lançait maintenant vers la Maison blanche. Elle arriva. Le président des Etats-Unis entendit son rugissement de colère. Le monstre liquide fracassa la fenêtre. Les flots se précipitèrent dans les bras du président. Il cria…

 

*

*   *

- Nooooon !

- Qu’y a-t-il chéri !

Le président regarda autour de lui. Il n’y avait pas d’eau. Son cœur battait à tout rompre. Son front perlé de sueur.

- Qu’as-tu, mon chéri ?

C’était sa femme. Il retomba sur le lit.

- Rien. Juste un cauchemar.

Il ferma les yeux. Ses lèvres exhalèrent un soupir.

 

Abdou ZOURE



30/09/2010
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